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La scarification, la représentation d'un art et d'une identité en Afrique

Pendant des siècles, les scarifications ethniques visibles sur le corps et le visage des membres des tribus africaines ont fait partie de leur culture. Il s'agissait d'un symbole de personnalité ou d'appartenance à une tribu. Ainsi, il était plus facile de reconnaître les personnes d'une certaine famille aux scarifications sur leur visage ou les personnes d'une certaine région aux marques sur leur peau. Les transformations corporelles, visibles au sein des sociétés tribales d'Afrique, font partie des pratiques mystifiées dans l'imaginaire collectif et souvent associées à une pratique archaïque. D'où viennent ces marques, quelles sont leurs significations.




La scarification : une pratique ancestrale


Dans le cadre de son projet de série de photos sur la scarification, la photographe Joana Choumali est allée à la rencontre de personnes scarifiées. Elle a présenté une série de photographies intitulée "Hââbré, la dernière génération", afin que cette tradition ne tombe pas dans l'oubli. L'un d'eux, un Burkinabé, a déclaré à la photographe : "En temps de guerre, les tribus Mossi et Ko se reconnaissaient et évitaient ainsi de s'entretuer. Je n'ai pas besoin de carte d'identité, j'ai déjà mon identité sur mon visage.


On peut distinguer différents types de scarifications en Afrique, comme les scarifications tribales, les scarifications décoratives et les scarifications rituelles ou commémoratives. Il existe deux grands types de scarifications : les chéloïdes (saillantes) en Afrique équatoriale et au Cameroun et les dépressives (enfoncées) au Nigeria, au Moyen-Congo, en Afrique de l'Ouest, au Sénégal et au Niger. Elles répondent à trois préoccupations :


  • Irréversible : Elles cèlent le lien entre l'individu et sa tribu.

  • Douloureux : Elles donnent l'occasion de faire preuve de courage.

  • Artistique : Elles rendent l'individu plus désirable.


Parmi les différents récits transmis de génération en génération, l'un des plus courants est que la scarification a commencé à avoir lieu, lorsque les rois d'Afrique ont commencé à envahir d'autres tribus dans leur quête de conquête de nouveaux territoires. Ils ont développé leurs propres méthodes de scarification pour marquer les membres de la famille sélectionnés pour régner sur les terres capturées, de sorte que lorsqu'ils retournaient sur les territoires et voyaient les marques, ils savaient qu'ils contrôlaient déjà l'endroit. Ainsi, la pratique s'est également répandue comme un moyen pour les membres de la famille de retrouver des parents qui avaient déménagés dans d'autres territoires. Certaines des tribus qui ont adopté la scarification dans le nord du Ghana sont les Gonja, les Naumba, les Dagomba, les Frafra et les Mamprusi ou encore les Yoruba dans l'empire oyo.



La scarification comme rite de passage et marque d'identité


Les scarifications sont pratiquées pour des raisons religieuses et sociales, véhiculant des messages complexes sur l'identité de l'individu. Elles peuvent souligner les rôles au sein d'un groupe, le statut social, la tribu à laquelle ils appartiennent et les expériences de l'individu.


Dans ce cas, les cicatrices sont considérées comme des marques de civilisation, distinguant les humains des animaux. En Afrique de l'Ouest, de nombreuses tribus utilisent la scarification pour marquer les moments importants de la vie des hommes et des femmes, comme la puberté et le mariage. La procédure fait partie d'un rituel de test, qui indique que la personne est capable de progresser dans sa vie personnelle et dans la société dans laquelle elle se trouve.



La scarification est aussi un art


La scarification a également une fonction esthétique dans la mesure, où elle peut symboliser ou mettre en valeur la beauté d'un individu, notamment chez les jeunes femmes. L'épreuve de la douleur fait des jeunes femmes des individus exceptionnels qui font l'objet d'une admiration collective. Les marques sont ainsi appréciées pour leur beauté, mais l'individu est aussi rendu beau par son courage.


Une pratique en voie de disparition


Mais avouons-le, cette pratique est confrontée aux diktats de la modernisation. Elle est en voie de disparition. L'avenir de la scarification, comme celui de nombreuses autres pratiques tribales, semble être la disparition progressive. De nombreux parents choisissent aujourd'hui de ne pas marquer leurs enfants, afin qu'ils ne se distinguent pas de la masse et ne soient pas discriminés dans les villes, notamment lors de la recherche d'un emploi. La réaction des colonisateurs européens et l'action de groupes religieux, notamment chrétiens, cherchant à endoctriner les "barbares" ont également conduit à une vision négative de cette pratique, qui a finalement été interdite dans certains pays.


Mais elle peut subsister dans certaines régions avec des scarifications plus petites comme mesure de protection pour les enfants.



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